• Chapitre 3 ~ Gifle.


    Cela fait tellement longtemps que je n'ai pas mis les pieds à la piscine. J'appréhende un peu de devoir me retrouver en maillot de bain, confrontée aux regards critiques et au jugement des autres. Grelottante, je sors du vestiaire, et j'ai le souffle coupé. Il est là, avec ses copains, dans le jacuzzi et ne semble pas remarquer ma présence. Parfait. Je souhaite plus que tout qu'il ne détourne pas le regard sur moi, mais à peine suis-je montée sur le plongeoir qu'il a déjà braqué ses magnifiques yeux verts sur moi. Ses amis éclatent de rire en me voyant. Honteuse, je baisse la tête, mais je rassemble tout mon courage avant d'effectuer un magnifique saut périlleux arrière carpé partiel sous leurs yeux ébahis.
    Je n'entends plus, je ne vois plus.
    Je viens d'entrer dans l'eau et c'est avec une force dont je ne connaissais pas l’existence que j'entame une longueur.
    Lorsque ma tête ressurgit de l'eau, les rires se sont accentués. Je les espionne d'un regard noir.
    Je sors brutalement de l'eau, et je m'avance d'un pas décidé vers le petit groupe, bien décidé à ce qu'enfin ils me fichent la paix.
    Je suis maintenant de dos à ce crétin de Théo, qui lance une blague sur mon ventre. Tous les autres étant face à moi, ils ne rient pas. Ils me fixent d'un regard effaré.
    Théo, incrédule, se retourne face à moi et se lève. Je rassemble ce qui reste de ma fierté, et je le gifle de toutes mes forces. Théo ploie sous le coup, et avant de m'éloigner, je lance à toute l'assemblée :
    - ça, c'est pour ta vanne débile sur mon ventre.
    Je fais volte-face, laissant Théo, ses amis et lui interloqués. Je retourne au plongeoir d'un pas ferme et rapide, et j'effectue un carpé fermé digne d'une joueuse olympique.
    Et pendant les 2 heures qui suivent, je nage, je nage encore, je nage plus vite. Je me vide la tête, je ne pense à rien, je me concentre sur ma performance. Hors d'haleine, je fais environ 2 kilomètres à la nage, ce qui est l'équivalent de 80 allers-retours. Et c'est satisfaite que je me hisse hors de l'eau, un sourire satisfait à la bouche, le même sourire que j'affichais encore il y a un an. Mais c'est en l'apercevant que je me glace. Il est là, lui. Et il semble attendre. C'est en m’apercevant que son visage fin s'éclaire, et il s'approche de moi avec une grâce inégalable. Il est si beau, si rayonnant, que je peine à le regarder dans les yeux. Un silence règne, parfois troublé par des cris d'enfants qui jouent dans la pataugeoire à côté. D'une voix gênée, il me dit :
    - excuse Théo, il peut être vraiment con parfois. J'ai adoré tes sauts, tu fis de la natation .
    - J'en faisais. je réplique, d'un ton anormalement nonchalant.
    Je tente de faire demi-tour pour regagner le vestiaire, mais il me retient par le bras. Un frisson me traverse le corps.
    - Pourquoi à tu arrêtais ? m'interroge-t-il.
    Ma voix se serre dans ma gorge.
    - Ça te regarde ? je lance.
    Je suis étonnée de ma froideur, la phrase est sortie de ma bouche presque inconsciemment. Il affiche une moue désemparée. Mais son regard s'attarde sur mes cuisses, peut-être à il compris . Pitié, faites que non.
    -Excuse moi.
    Je ne sais pas s'il prend ça comme une excuse ou comme si je lui demandais de me laisser passer, mais il s'écarte lentement et j'emboîte le pas avec un seul objectif :
    fuir.

    ~

    Ceci n'est pas Kayla.


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